Prélude à l'exposition
Création le 6 octobre 2017
à la Maison de l’Étudiant, Le Havre
Conception : Margot Dorléans & Patrice Balvay
Danse : Margot Dorléans
Dessin : Patrice Balvay
Lumière : Grégoire Desforges
Durée : 40 min
Avec le soutien de : Un Été au Havre, la Ville du Havre, l’Université du Havre-Normandie
Remerciements à Le Phare-Centre Chorégraphique du Havre Normandie pour l’accueil Studio
Prélude à l’exposition est né d’une rencontre entre Margot Dorléans, danseuse et chorégraphe, et Patrice Balvay, peintre et dessinateur. Tous deux ont en commun l’expérience du Japon.
Prélude à l’exposition est une performance-installation entre danse et dessin. Le chorégraphique et le graphique œuvrent sur le même plan, dialoguent et se rencontrent. De la fragilité du papier suspendu par deux punaises à la densité du corps en mouvement, entre sol et plafond, air et terre, légèreté et pesanteur ; entre le dessin au mur, le corps dans l’espace, nous inventons un langage commun où le travail de l’un propose un éclairage sensible de l’autre.
Intentions
A l’image d’une exposition qui se monte en temps réel, 3 dessins grand format à l’échelle du corps sont conviés sur scène comme des partenaires. Chaque dessin protégé et contenu dans une boîte est dévoilé aux spectateurs pour prendre place dans l’espace.
La manipulation des boîtes, des papiers de protection et des dessins offre autant de dispositifs scéniques, éléments plastiques et sonores qui permettent à la danse de s’inviter comme un prolongement au dessin. Ainsi chaque dessin est interprété en mouvement et le spectateur-regardeur est libre de faire naviguer son regard entre la danse et le dessin.
Ces 3 dessins étant très différents les uns des autres, chaque danse l’est aussi
- Dessin bleu sur papier blanc, entre légèreté et pesanteur ; le corps est pris dans cet entre-deux, attiré vers le haut mais tiré vers le bas en permanence, mouvement fluide, déplacement dévié. Espace ouvert.
- Dessin blanc sur papier noir, fragilité et hésitation du trait, corps qui cherche la suspension, mouvement profond, déplacement ténu. Corps confiné dans un espace réduit.
- Dessin rouge orangé sur papier blanc, foisonnement, densité du trait, corps agité, feu, mouvement énergique, être mu par une force. Espace contenu puis élargi.
Dans le temps de la performance, la présence sur le plateau de Patrice Balvay dessinant, rejoue le processus d’interaction entre mouvement dansé et trace graphique : le dessin inspire la danse et en retour, la danse inspire le dessin. Les dessins réalisés sur scène restent invisibles au spectateur. Ils sont comme des notations qui pourraient servir de point de départ à une autre série de dessins. Cette potentialité suggère un échange infini entre le corps en mouvement et la main tenant le crayon.
L’espace scénique se construit progressivement, dessins et boîtes deviennent une installation dont on pourrait envisager qu’elle perdure dans l’espace et dans le temps.
Comme proposition interdisciplinaire, Prélude à l’exposition, peut se déployer dans un espace scénique ou bien dans un espace d’exposition. Comme il s’agit d’une performance in situ, elle s’adapte en fonction du lieu ; et il nous paraît intéressant de n’être pas cloisonné dans un lieu dédié à la danse ou au dessin.
Genèse
À l’invitation de Véronique Bui, responsable du projet de recherche « Europe/Asie : récits, réemplois, réécritures » à l’université du Havre-Normandie, Patrice Balvay, peintre en résidence au Fort de Tourneville au Havre, présente sa résidence au Tokyo Wonder Site, réalisée dans le cadre d’Un Eté au Havre 2017. Durant deux mois, il a alternativement marché et dessiné dans Tokyo. La série de dessins qui en résulte (Drawing by Walking) a été achevée au Havre.
Patrice Balvay évoque un aller-retour physique, mental, émotionnel, dont ses dessins sont la transcription. Pour Patrice Balvay, l’acte de dessiner engage le corps dans son entier. Pour dialoguer avec une autre discipline et pour incarner la réécriture, sujet du colloque, plusieurs dessins sont interprétés par la danseuse et chorégraphe Margot Dorléans. Sensible au processus qui a guidé l’artiste à dessiner et au récit auquel chaque dessin est associé ; elle s’inspire autant de l’observation que de l’empreinte corporelle à laquelle renvoie les œuvres. La performance prend la forme d’une installation à l’intérieur de laquelle l’artiste et la danseuse évoluent ensemble.
Processus de travail
La pratique plastique de Patrice Balvay est axé sur le corps : le corps représenté en peinture, le corps comme outil en dessin. La dimension du papier découle de la dimension du corps et du lieu. La hauteur du mur sur lequel il travaillait à Tokyo et la
largeur du rouleau de papier choisi ont déterminé le format de la série Drawing by Walking : 2x1m. La dimension détermine un espace, mais aussi une temporalité.
Comme Patrice Balvay pratique le dessin comme on pratique la taille directe en sculpture, sans retour possible en arrière, chaque dessin est une expérience. Dans la série Drawing by Walking, Patrice Balvay a pratiqué le dessin comme une performance : dans une durée définie d’avance un geste répété, se déclinait, se rompait, s’improvisait. La danse en est devenu donc le prolongement naturel et évident. En dessin ou en danse le corps, par impacts successifs, imprime et trace le papier ou l’espace.
Margot Dorélans, dans son processus de travail a d’abord nommé ce que lui renvoyait le dessin en faisant des listes de mots qu’elle a laissé infusé. Elle s’est ensuite posée la question de ce qui pouvait résonner dans le corps comme matière et comme structure corporel en lien avec le dessin ; et a ainsi élaboré la dynamique de chaque danse.